jeudi 9 juillet 2015

DEMENAGEMENT...

Le blog se prépare à déménager...
Je pose le papier peint, installe les meubles, déballe les cartons... et vous accueille sous 24h...
Crémaillère le 10 juillet à 20h :-)



mardi 7 juillet 2015

Pourquoi intervenir le plus tôt possible ?

 Retrouvez cet article sur : www.oralite-alimentaire.fr (nouvelle adresse d'hébergement de ce blog)

En matière d'oralité, comme dans bien d'autres domaines d'ailleurs, nous remarquons que plus on intervient précocement, meilleurs seront "les résultats".
 
Le principe est "double".
1- Tout d'abord, la plasticité cérébrale...
Je vous invite à regarder cette vidéo qui, en dehors de l'émotion qu'elle provoque, résume très bien comment le cerveau va se "spécialiser" à force de stimulations répétées dans la vie de tous les jours, et ce, très tôt dans la vie de l'enfant. Les 3 premières années sont capitales.
 
 
Maintenant que vous avez vu ces images, que le sourire s'est accroché sur votre visage en regardant ces tout petits découvrir les choses simples de la vie,
Maintenant que vous avez pu entendre que ce ne sont pas les meilleures choses qui restent, mais les plus fréquentes,
Vous comprenez sans mal que la répétition de la problématique des repas sera délétère  / toxique pour la construction de l'enfant.
Variante : la répétition d'expériences orales (= au niveau de la bouche) négatives (sonde, RGO, nauséeux, vomissements, forçage, ...) le sera également.
Plus l'enfant vivra cette situation de repas comme "négative", plus il sera long voire compliqué de "reconstruire une autre histoire" du modèle "repas".
 
2- Phénomène de "construction / destruction / reconstruction"
En intervenant très vite après l'apparition des premières difficultés, voire avant qu'elles ne surviennent, l'enfant ne va pas "construire son schéma "repas" sur ce modèle négatif. Il va juste connaître quelques expériences "négatives".
La prise en charge précoce va permettre à l'enfant :
- de lever au maximum la contrainte pour l'enfant en intervenant sur l'enfant et sur son environnement
- de prévenir la difficulté / l'hypersensibilité
 
=> ici les professionnels "aident à construire".
 
Mais si on attend, que se passe t-il ?
Imageons un peu la situation de l'enfant en comparant son repas à un champ de blé. Visionnez ce champ de blé avant les moissons. Si vous traversez chaque jour le champ en empruntant le même chemin, en peu de temps, la nature vous aura façonné un petit sentier. Le sentier s'inscrira dans la terre avec quelques passages supplémentaires. Instinctivement, votre corps vous amènera à ce sentier là quand il s'agira de traverser le champ.
 
Imaginons maintenant que tous les jours, ou très souvent, lors de cette traversée de champ, vous croisez une situation désagréable qui vous effraie quelque peu (un petit monstre surgit, vous touche du bout de ses doigts gluants et crochus... par exemple !). Certainement, l'idée même de traverser le champ sera inquiétante, et vous redouterez ce petit monstre en le traversant, allant même peut-être jusqu'à "entendre", "voir", "sentir" des choses qui n'existent pas ce jour-là.
 
=> ici le schéma s'est difficilement "construit". 
On aide à le "détourner" en "reconstruisant" un autre schéma
 
Si un jour l'agriculteur vous dit qu'il faut traverser son champ autrement pour éviter cette situation effrayante vous devrez :
1- penser absolument en abordant le champ qu'il faut le traverser autrement
2- aider la nature à façonner un nouveau sentier pour votre passage
3- Tout cela ne vous empêchera certainement pas de penser à la situation effrayante. Vous serez certainement encore plus vigilant qu'à l'ordinaire, à moins qu'en cet agriculteur, vous ayez une confiance certaine : après tout, c'est l'agriculteur, il connaît son champ ! ;-)
Imaginez qu'une fois, une seule, lors de la traversée de ce nouveau sentier, vous croisiez quand même le petit monstre ? Non, il ne vaut mieux pas imaginer...
 
Votre passage sera moins "naturel" par cette route là que par la précédente. Vous aurez tendance à reprendre l'ancienne route au départ. Et, sur ce nouveau sentier, vous redouterez ce que vous imaginez circuler dans ce champ... le petit monstre surgira t-il ?
 
Pour votre enfant, l'histoire est un peu la même. Nous pourrions remplacer la peur par l'intégration d'un stimulus désagréable surgissant à ce moment là qui amène son appréhension de la situation.
 
=> pas facile de reconstruire un autre schéma !
Que d'appréhensions à dépasser !
 
On imagine, je pense, assez facilement que ces procédures sont plus longues et plus coûteuses pour l'enfant. Il ne s'agit alors plus de l'aider à développer son oralité, mais de la rééduquer.
 
Il faudra pour cela
- une grande confiance
- de la patience (le temps de "créer le nouveau sentier et le réflexe de s'y engager"... comme pour le champ de blé)
- la répétition d'une "traversée du repas" sans encombre.
mais aussi : du plaisir, comme pour tous les apprentissages !
 
et puis évidemment ... avoir identifié le / les petit(s) monstre(s) de l'enfant pour l'aider à ne plus les croiser et/ou ne plus en avoir peur.
 
 

lundi 6 juillet 2015

Echangeons tous ensemble


Retrouvez cet article sur : www.oralite-alimentaire.fr , où ce site est maintenant hébergé

Pour échanger tous ensemble autour du sujet / des sujets qui nous concerne(nt) ici, je vous propose de rejoindre un groupe de discussion sur Facebook appelé :
 
"Alimentation chez l'enfant. Echanges autour des difficultés rencontrées"

Ce groupe est "privé" : les messages ne sont lus que pas les membres du groupe
Il est ouvert à tous les professionnels de la petite enfance, à tous les professionnels de santé, à toutes les familles concernées.
Il aspire à mettre en contact tous les gens concernés par cette problématique, afin de pouvoir ensemble discuter, se confier, échanger, expliquer...
Partageons nos astuces, nos histoires, nos difficultés, nos connaissances... et AVANCONS !

Rejoignez-nous : cliquez ici !

La cantine à la crèche et à l'école


 Retrouvez cet article sur : www.oralite-alimentaire.fr , où ce site est maintenant hébergé

Confronté au manque d'information des professionnels de la petite enfance (crèche et école)... que peut-il se passer avec un enfant SDS à la crèche et à la cantine pour les repas ?

Quelles difficultés rencontrées ? Quelles solutions possibles ?

C'est avec l'aide d'une maman que je vous propose de répondre aujourd'hui.
 
Quand sont apparues les premières difficultés de ton enfant ?
 
Dès le début de la diversification alimentaire donc je dirais vers 6 mois, ce sont les morceaux dans la compote de pomme (Naturnes de chez Nestlé, je me rappelle bien de ces petits pots) qu’il a recrachés dès la première cuillère. Je me suis dit que j’étais allée trop vite, que je voulais griller les étapes, qu’on avait encore le temps. Mais arrivé à 18 mois, au moment où la crèche décidait que le groupe des moyens était en âge de manger solide, il était déjà trop tard : il n’acceptait rien de solide, rien qu’il ne connaisse pas déjà. Quand j’insistais, on avait le droit à des hauts de coeur qui nous rendait tous malades à table alors on se fâchait et les diners tournaient au cauchemar. Ma fille de 2 ans son ainée, commençait aussi à devenir difficile. Pourquoi “cédait-on” pour lui et non pour elle.
 
Il se plaignait aussi que tout était trop chaud, je lui disais de souffler sur son assiette et il me répondait qu’il n’y arrivait pas, je finissais alors par me fâcher encore. Quel enfant ne sait pas souffler ?? Avec du recul je me dis que je n’ai pas été tendre avec lui, c’est sa première orthophoniste qui m’a expliqué qu’il ne savait/pouvait pas souffler en fait… Vu qu’il ne mastiquait pas, ses joues n’étaient pas assez musclées pour souffler.

Peux tu nous expliquer quelles sont les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui ?
Aujourd'hui, grâce aux séances d’orthophonie, il a appris à mâcher et donc à ne pas s’étouffer sur chaque cuillère. Cela lui a demandé pas mal de temps avant de prendre confiance en lui et de se rendre compte que s’il mâchait ce qu’il mangeait, il pouvait déglutir sans soucis. Il a aussi appris à mieux connaître sa bouche et à y mettre les doigts pour décoincer un morceau si besoin. Il n’aimait pas toucher de “choses sales” et pour lui la nourriture et certaines couleurs (le marron notamment comme le chocolat et les biscuits ou encore le pain) étaient synonymes de saleté (je l’ai compris bien plus tard, quand il a commencé à mieux parler).

 
Son trouble a ensuite  évolué. Une fois, la mécanique comprise, il est devenu très sélectif sur ce qu’il voulait manger. Toujours les mêmes purées, les mêmes marques de dessert, peu d’améliorations ni de nouveautés. Et puis sans qu’on ne sache pourquoi, il nous demande quelques fois à goûter quelque chose : du jus d’orange, une salade de pâtes à la truite fumée de chez le charcutier, des knackis balls….. Mais chaque nouveauté faisait limite l’objet d’une obsession et je vous épargne le drame si je n’en trouve plus en stock !
 
Tu m’as dit qu’il avait fréquenté la crèche, comment cela se passait il pour les repas ?
 
Tout allait bien jusqu’à ce que la crèche introduise aussi les morceaux et les aliments solides dans les menus pour son groupe. Malgré ses difficultés, on m’a dit qu’il était en âge de faire comme les autres, que c’était dans sa tête, qu’il ne voulait pas grandir, qu’il fallait que j’arrête d’être aussi anxieuse car il le sentait… Donc il est resté toute une année scolaire sans manger de 8h30 à 17h. J’ai du insister pour qu’on lui donne au moins un yaourt nature l’après-midi. Ils ont aussi refusé que je lui laisse ses Pom'potes sous prétexte qu’une autre petite était allergique à la fraise et que le risque était trop important. Depuis ce moment là, il n’a plus manger de fraise (2010). Ce n’est que depuis cette année qu’il demande de la compote de pomme maison. Un jour il s’est étouffé devant eux : un morceau de pomme de terre dans la purée….  ils ont du le manipuler et ont eu une sacré peur je crois, C’était en juillet avant les vacances. A la rentrée, ils m’annonçaient qu’ils lui serviraient désormais de la purée comme pour les bébés, en prenant bien soin d’expliquer aux autres enfants pourquoi mon fils avait en quelques sortes un traitement de faveur…. Ce que je ne comprenais pas, c’était l’intérêt général avant l’intérêt de l’enfant en souffrance. Il pleurait du coup moins pendant la journée et du coup s’épanouissait plus…. mais c’était déjà trop tard.

Et à l’école maintenant, c’est mieux ?

 
Oui grâce à leur intelligence et leur écoute. Alors qu’il ne connaissait pas mon fils, le directeur qui n’avait jamais entendu parler de ce type de trouble m’a dit que cela ne lui posait aucun problème, “que la différence était une chance” et que tout pouvait s’expliquer simplement aux autres enfants comme aux adultes. Il y avait une autre petite fille dans sa classe qui présentait des troubles de l’alimentation, pour des raisons différentes et je crois que ca a joué. Nous avons mis en place un PAI sans aucun soucis.  Le personnel de la cantine nous a aussi très bien accueillis : mon fils et moi en me disant que cela ne devait pas être facile pour moi la maman. Chose que personne ne m’avait encore dit en 3 ans ! Il y a eu quelques ajustements à faire notamment auprès du personnel de mairie sur les heures de garderie pour expliquer que ce n’était pas de sa faute et que les remarques stupides du type “mais tu veux rester un bébé ?”. J’avoue avoir du mentir, je n’en suis pas fière, je disais qu’il avait eu une petite malformation ORL et que depuis il avait du mal à s’adapter. C’était la seule façon que je voyais pour qu’on le laisse tranquille. Cela a marché : il allait à la cantine sans boule au ventre car il savait ce qu’il y mangerait (ce que je lui avais préparé). S’il m’a demandé de la compote de pomme maison c’est parce qu’il en prépare le matin dans sa classe et pour son dernier jour à la cantine il a demandé à gouter le plat de pâtes servi à ses camarades. Le cuisinier était si content qu’il m’a appelé pour me le dire et lui a offert un cadeau en guis de récompense !

 
Merci Sophie-Charlotte pour ces réponses !
 
Que retenir de tout ça ?
 
1/ Informons ! On voit bien comme les réponses faites par l’environnement à l’enfant peuvent entretenir voire aggraver les difficultés.
Il convient que les professionnels de la petite enfance puissent entendre qu’un enfant qui refuse un repas n’est pas automatiquement un enfant capricieux. Il convient aussi de tolérer que les professionnels manquent d'informations et d'accepter de les informer de ces notions très mal connues encore aujourd'hui. Expliquons avant de nous fâcher ! ;-)
2/ Retenons aussi que les PAI existent et qu’on peut tout à fait les mettre en place à l’école pour des enfants présentant des troubles alimentaires importants. Avec l’aide du médecin scolaire, une réunion a lieu permettant de formaliser l’aide ou l’aménagement à proposer à l’enfant au regard de sa pathologie (même transitoire). L’orthophoniste qui suit votre enfant peut intervenir lors de ce genre de réunion afin d’expliquer plus clairement aux équipes en présence (souvent directeur d’école, médecin scolaire et enseignant).